Maurice Barrès
Né à Charmes le 17 août 1862, mort à Neuilly-sur-Seine le 4 décembre 1923.
Il réalise sa scolarité à Nancy, d’abord comme pensionnaire au collège de La Malgrange puis au lycée de Nancy. Il garde de ces années un souvenir douloureux. Ses camarades le surnomment le corbeau en raison de la couleur de sa chevelure et de son goût pour la solitude. Il y fait la rencontre déterminante de Stanislas de Guaita avec lequel il partage une chambre en 1879 et passe son temps à lire. Ce dernier lui fait découvrir Salammbô, Les Fleurs du Mal et Les Émaux et Camées.
Il débute une année de droit à la faculté de Nancy et se met à publier des articles. Sa première publication soutient la candidature de Paul de Saint-Victor à l’académie française. Ses talents sont rapidement remarqués et il part pour Paris en 1883. Après avoir essuyé plusieurs refus d’éditeurs, il décide de créer sa propre revue nommée Les Taches d’Encre. N’ayant pas obtenu un grand succès, il continue de fournir des articles à différentes revues.
En 1887, il se rend en Italie pour des raisons de santé et débute l’écriture de Sous L’œil des Barbares, premier roman de sa trilogie Le Culte du Moi. De retour à Paris, il trouve un éditeur et publie fin 1887. Les deux autres romans de cette trilogie, Un Homme Libre et Le Jardin de Bérénice sont respectivement publiés en 1889 et 1891.
Parallèlement à sa carrière d’auteur, il se lance dans la politique et est élu député de Nancy en 1889 puis député de Paris en 1906.
Le 18 janvier 1906, il entre à l’Académie Française suite à la mort du poète José-Marie de Heredia.
Bibliographie sélective
Romans
Le Culte du Moi, tome 1, Sous l’œil des barbares (1888)
Le Culte du Moi, tome 2, Un homme libre (1889)
Le Culte du Moi, tome 3, Le Jardin de Bérénice (1891)
L’Ennemi des lois (1893)
La Colline inspirée (1913)
Huit jours chez M. Renan (1913)
Le Mystère en pleine lumière (1926)
Ouvrages politiques
Scènes et Doctrines du nationalisme (1902)
Ce que j’ai vu à Rennes (1904)
La Grande pitié des églises de France (1914)
Les Diverses familles spirituelles de la France (1917)
Souvenirs d’un officier de la Grande armée (1923)
Cahiers personnels
Mes Cahiers, 11 volumes (de 1896 à 1918)
Citation
« Il n’y a pas de ville qui se fasse mieux aimer que Metz. Un Messin français à qui l’on rappelle sa cathédrale, l’Esplanade, les rues étroites aux noms familiers, la Moselle au pied des remparts et les villages disséminés sur les collines, s’attendrit.
Et pourtant ces gens de Metz sont de vieux civilisés, modérés, nuancés, jaloux de cacher leur puissance d’enthousiasme. Un passant ne s’explique pas cette émotion en faveur d’une ville de guerre, où il n’a vu qu’une belle cathédrale et des vestiges du dix-huitième siècle, auprès d’une rivière agréable. Mais il faut comprendre que Metz ne vise pas à plaire aux sens ; elle séduit d’une manière plus profonde : c’est une ville pour l’âme, pour la vieille âme française, militaire et rurale.
Les statues de Fabert et de Ney, que sont venues rejoindre celles de Guillaume Ier et de Frédéric-Charles, étaient entourées du prestige qu’on accorde aux pierres tutélaires. On se montrait les héros des grandes guerres sur les places où les officiers allemands exercent aujourd’hui leurs recrues. Les édifices civils gardent encore la marque des ingénieurs de notre armée ; c’est partout droiture et simplicité, netteté des frontons sculptés, aspect rectiligne de l’ensemble. D’un bord à l’autre de la place Royale, le palais de justice s’accorde fraternellement avec la caserne du génie ; les maisons bourgeoises, elles-mêmes, se rangent à l’alignement, et, sous les arcades de la place Saint-Louis, on croit sentir une discipline.
Cet esprit s’étend sur la douce vallée mosellane. Depuis l’Esplanade, on devine sous un ciel nuageux douze villages vignerons, baignés ou mirés dans la Moselle, et qui nous caressent, comme elle, par la douceur mouillée de leurs noms : Scy, qui donne le premier de nos vins ; Rozérieulles, où chaque maison possède sa vigne ; Woippy, le pays des fraises ; Lorry, que ses mirabelles enrichissent ; tous chargés d’arbres à fruits qui semblent les abriter et les aimer. Mais les collines où ils s’étagent ont leurs têtes aplanies : c’est qu’elles sont devenues les forts de Plappeville, de Saint-Quentin, de Saint-Blaise et de Sommy. »
Source : Colette Boudoche, Histoire d’une jeune fille de Metz, Paris, 1909.
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