Atelier d’écriture : Poèmes paysagers

Après s’être présenté et avoir répondu à quelques questions des étudiants portant sur le métier d’écrivain et la création littéraire (le processus de création, la notion d’inspiration, la gestion de l’angoisse de la page blanche, la définition de la poésie, la contrainte des poèmes de métro, la difficulté du métier…)

Jacques Jouet a proposé un atelier en deux temps :

Choses qui ……

A la manière de Sei Shonagan, poétesse japonaise du XI° siècle, Jacques Jouet a proposé d’écrire des listes de « choses qui … ». Après avoir donné quelques exemples, les étudiants se sont dispersés dans les jardins de la maison Schuman. A leur retour, quelques écrits ont été lus puis ont été remis à l’auteur.

Récapitul

Cet exercice consiste à écrire un poème se composant de trois tercets de neuf syllabes, à chaque fin de strophe trois mots sont récapitulés, puis de conclure par un dernier vers. On peut commencer le poème en choisissant les trois mots ou en écrivant les strophes puis en sélectionnant les mots.

Le premier poème a été composé de manière collective :

La résilience est chose importante
Pour une tulipe contre un vent
Pour composer un hymne à la joie
(Résilience, tulipe, joie)

La mélodie dont l’oreille jouit
A chérir comme du chocolat
Extincteur du feu qui brûle en moi
(Mélodie, chocolat, extincteur)

Cette neige qui tombe en automne
N’est pas vraiment une catastrophe
Hormis pour un condor apeuré
(Neige, vraiment, apeuré)

 Qui seul dans la nuit s’est évanoui

Le 21 octobre 2016, Scy-Chazelles,
poème adressé à Michel Klein

Intermède 43, choses qui…

Choses qui donnent envie de se pencher
une corolle
une écriture minuscule sur un vieux manuscrit
j’appends à un enfant à lacer ses souliers
un bouquet d’oseille dont j’emporterais bien quelques feuilles
une poire tombée, hum… délicieuse
un ongle peint en rouge dans le gazon
une coccinelle sur une pensée ou un brin d’herbe
je lâche maladroitement mes clés dans la précipitation
un chef trop autoritaire
une charge trop lourde
une pancarte interdisant de se pencher
un marron fraîchement tombé et encore de sa bogue enveloppé
un coquillage sur la jetée
des fleurs de coucou fraîchement poussées
un enfant qui te tend les bras
un point sur une carte qui n’a pas encore été exploré
un gland parfait
le vide

Le 21 octobre 2016, Scy-Chazelles,
poème adressé à Thérèse Rall

Intermède 44, choses qui…

Choses qui appartiennent à l’automne
le ciel indécis qui élève des yeux inquiets vers lui
les flammes des feuilles qui embrasent l’horizon
le murmure des gouttes de pluie sur les branches
la silhouette des oiseaux sur les câbles électriques
les au revoir plus ou moins mal vécus de l’été
les ombres qui disparaissent
les sapins qui sont les seuls à ne pas se déshabiller
les nuages de respiration, aussi furtifs qu’éphémères