Déambulation 1

Catherine Fhima
catherine.fhima[at]wanadoo.fr

Déambulation 1.
Jeu de Moselle en nombres lumières


1er décembre 2016

Tout en ombre, parcelles de lumière dans les poches.
Tout préambule erre au Pont de la Pucelle,
au Sentier des Lanternes, on brûle les essences,
le sac s’ouvre et les hommes de fouille esquissent un sourire bienveillant
au froid, au fait, saisissement, la guirlande musicale muselle le mot
Détente au débotté, le plein air au milieu de fagots ou de plantes indiscernables
réflexion miette sur les bords des bruits des poussettes,
enfants d’émerveillement, c’est pour eux, sommes-nous envieux ?
témoignage à ne pas troubler, les pensées seront dans l’après, gage de sincérité
des sons cristallins ou mats endorment les têtes abonnées,
on est donc censé se retourner vers l’enfance ? La nôtre ?
Déambulation parcours veiné d’ombres et de savants carrés de lumière
Petites phrases pour guetter une magie instant. Attente.
Que le flot vienne à l’effort de l’exercice
Quand l’insolence du pin déjoue le sérieux d’un récit flouté,
en désir d’accroches, on respire, on s’assagit.

La nuit grimpe, les poignets mettent les cubes couleurs à l’épreuve.

Est-ce de l’art ou des expériences de nuit ? Animations au pied des maîtres-verriers, une fierté de savoir-faire, histoire, légende, mémoire déconstruite, fierté instructive, tout calibre est encerclé, les mythes ont un devenir photographique. On s’y prête avec le plaisir du geste familier pour tout retenir en-deçà de notre œil, une fidélité, on sait que rien n’est naturel, nos gestes sont empreints de roses timides et se teintent de froid. Pochette surprise ?

Made in Meisenthal soudain s’impose au détour, l’endroit se clôt. Plus qu’un slogan, une bannière, lumière blanche, de l’avant, de l’avant, une voix amusée : « on n’a pas le droit de faire marche arrière », l’injonction résonance réminiscence de la Femme de Lot. Mais on entend soudain, dans l’intérieur d’un baraquement, un morceau de musique, reconnaissable, identifiable fusion jazzfunky travel inside, le siècle déborde, basse insolite en ce lieu, elle a l’ironie des festivités inattendues. On se surprend à obéir au rythme bien connu et assimilé des années, aux impératifs de l’exercice opiné au chef, attentifs aux rouages les yeux se portent vers la gauche, sur la droite, devant. Voilà une image de pont stylisé qui flanche. C’est drôle, enfantin. Création ou amusement de ville ? Un film assurément. Le dessein du parcours se précise ? S’instruire entre ombre opaque, froid décours, lucioles jaunes roses éparses ? La basse et la guitare, la batterie scande, loin cependant d’Earth, Wind and fire, et alors on pense à The Headhunters, et au mot magique Watermelon Man. La honte des associations indues se profile soudain. On se reprend.

À droite l’eau, le fleuve en coude façon canal, bruit d’accompagnement du pont qui se brise dans le bâtiment « son et lumière » en face du regard, comme les cris d’une saynète en ombres chinoises. Mais quand on écrit, on ne vit pas l’instant ! Regrets ? Quand on photographie, on oublie ce qu’on doit se dire. « L’origine des boules » de cristal ? Mais de cristal on invente l’idée, personne n’en a parlé.

Afflux de questions, flot souterrain,
Metz comme couronne cachée, aveugle à ses coins ?
On courtise les bords, les panneaux à lire,
Évanescence du moment, l’humour s’inviterait en cerise propice ?
Montagnes, sens inverse des absurdes max frischiens, désirés pourtant
De propice, la lumière n’est qu’à l’ombre, persienne, par la bande du tableau

Une synthèse pour esprits désirants recouvrants, doctement : la vue sollicitée en priorité. Soudain, face à cette allégation péremptoire, deux personnes aveugles traversent le champ de notre propre vision ; ironie douce d’où ? « Que voient-elles ? » La question ridicule survient mais ne dépasse pas la pensée, la voix ne l’exprimera pas mais le « sois honnête et note-la, joueuse » intime l’ordre. Malaise ? Dans la lumière à peine cristal, les sons cubes recouvrent leurs cannes blanches en hésitation de voies qu’elles cognent inévitablement, où est le malaise ? La scénographie des lieux prises en flagrant délit de… ? Mélanges chaotiques. À la synthèse succède le reflux. On se reprend. Qu’est la reprise ? Un empire, une emprise. « Tournez à gauche, je vous prie, voilà le sens. On ne plaisante pas avec le sens de la visite ». On ne plaisante pas avec l’instant.

De l’avant, de l’avant. Hors texte, Chagall s’invite, ha, ha, mais pourquoi ?
Tout est-il donc fini ? Le parcours se court.
Un jeu : le partage des innocences du regard. Une invitation en floraison.
On garde les fragments pour eux-mêmes, ils agglutinent le farouche discernement
On devra contenter l’écriture gelée. Les mots se miroirent, ils attendent.

< Retour au sommaire >