La maison Paul Verlaine (Metz)
Prévoir un lien en fin d’article http://www.amis-verlaine.net
Visuels à trouver & insérer
« Une sorte de reconnaissance délicate s’unit à une curiosité digne d’éloge pour nous intéresser à l’histoire privée de ceux dont nous admirons les ouvrages. Le lieu de leur naissance, leur éducation, leur caractère (…), tout ce qui les concerne arrête l’attention de la postérité. Nous aimons à visiter leurs demeures (…). »
Diderot, Essai sur les règnes de Claude et de Néron
Un lieu de mémoire, de consécration de l’auteur
En 2011, une association de passionnés du poète maudit ouvre au public dans la maison natale de Paul Verlaine (2 rue Haute-Pierre à Metz), un vaste appartement bourgeois au 1° étage, un univers recomposé à la gloire de l’homme de lettres. La visite se décline autour de quatre pièces d’exposition et d’un accueil-librairie, en cherchant, dans une perspective chronologique, à retracer l’itinéraire biographique et poétique de l’auteur, à partir d’une collection d’objets qui constituent autant d’images de l’écrivain, de marqueurs identitaires. Une des pièces est consacrée aux origines lorraines du poète, à son enfance à Metz, son « berceau fatidique » et renvoie le public aux Souvenirs d’un Messin (1892), texte dans lequel Paul Verlaine exprime son attachement émotionnel aux lieux de sa jeunesse :
« Je revendique d’autant plus ma qualité de Lorrain et de Messin, que la Lorraine et Metz sont plus malheureux, plus douloureuses. Et, j’aime Metz et je m’en souviens quelque peu, ayant sept ans quand je la quittai pour Paris… ces vagues bribes de réminiscences puériles me sont plus précieuses, plus chères, que bien de plus sonores et fanfarons rappels de mémoire… ».
Extrait en écho à son long poème « l’Ode à Metz » repris en partie dans les Confessions qui distille les lieux emblématiques de la ville comme la citadelle, la porte Serpenoise ou encore la cathédrale :
« Metz aux campagnes magnifiques
Rivières aux ondes prolifiques
Coteaux boisés, vignes de feu
Cathédrale toute en volutes
Où le vent chante sur la flûte
Et qui lui répond par la Mutte
Cette grosse voix du Bon Dieu. »
A noter que les amoureux du « prince des poètes » peuvent consulter deux versions manuscrites de ce recueil à la médiathèque Verlaine de la ville, grâce à un fonds de référence international riche de nombreuses éditions originales et intégrant une grande variété de documents (autographes et manuscrits, textes publiés, traductions, images, musiques).
L’Association « les amis de Verlaine » revendique la nécessité de préserver par ce lieu le patrimoine littéraire afin de restituer « l’esprit d’un auteur, donner du charme, une ambiance à un espace chargé d’histoire, de faire revire un souvenir, une mémoire par l’écriture et invité au voyage… ». Cette maison d’écrivain devient un lieu de culte cherchant à offrir aux curieux, aux érudits et à toutes sortes de visiteurs une occasion de rencontrer l’œuvre de Paul Verlaine. Cette volonté de patrimonalisation de la littérature à partir d’un lieu s’inscrit dans la lignée de la Fédération des maisons d’écrivain et des patrimoines littéraires (http://www.litterature-lieux.com), créée en France en 1997, dans le but de mettre en réseau l’ensemble des lieux et des patrimoines littéraires (monuments, collections, archives, documentation), tout en assurant l’existence, la préservation et le rayonnement culturel des maisons d’écrivain. Ce groupement participe pleinement à une resacralisation de l’auteur, « à la recherche de l’aura perdu » selon l’ethnologue
Daniel Fabre. (http://www.litteraturelieux.com/multimedia/File/publications/fabre.pdf)
Un lieu de médiation
Si la maison Paul Verlaine constitue l’une des modalités de médiatisation de la littérature hors des textes, elle s’avère aussi un lieu de médiation culturelle autour de la figure de l’auteur. En effet, toute l’année, une panoplie d’activités littéraires est proposée au public sous diverses formes : lectures poétiques à plusieurs voix de texte évoquant la vie du poète, récitals, cabarets poétiques, expositions d’artistes en lien avec l’auteur, concours de poésie, hommage annuel devant le moment dédié à Verlaine à Metz (aux pieds de l’Esplanade) et à Paris (Jardin du Luxembourg).
Littérature et musée : Le fond Claire et Yvan Goll (Saint-Dié-des-Vosges )
Le musée Musée Pierre-Noël à Saint-Dié-des-Vosges qui abrite le fond Claire et Yvan Goll offre au public une mise en scène de ce couple mythique d’intellectuels, écrivains et journalistes fréquentant Malraux, Cocteau, Aragon, Soupault, Léger, Chagall et bien d’autres artistes européens expressionnistes ou surréalistes. Yvan Goll (de son vrai nom Isaac Lang), né en 1891 d’une famille juive de Saint-Dié, placée à cette époque sous administration allemande, manie aussi bien le français que l’allemand, comme en atteste la publication à Metz de son premier recueil de poèmes (Lothringische Volkslieder) et a toujours revendiqué cette double culture. Poète expressionniste, mais aussi romancier, auteur de pièces de théâtre d’avant-garde, traducteur, éditeur, Yvan Goll offre avec Les élégies internationales (1915) et Le Nouvel Orphée (1923) des textes pacifistes et européens. Sa production poétique évoque aussi sa terre natale de la Lorraine à l’Alsace, à intersection des territoires, à travers plusieurs textes
Croix de Lorraine
Croix de Lorraine
Coeur de France
France de mon Coeur
Tour de souffrance
Jardin des pleurs
J’ai grimpé dans les pruniers de Lorraine
J’ai pressé les olives de Provence
J’ai cueilli tes cerfeuils et tes verveines
France : verger d’amour et d’abondance
Tilleul ou chêne
Croix de tout bois
Croix de Lorraine
Partout tu croîs
Aujourd’hui tes vieux ormes se transforment en gibet
Tes champs de blé ne sont plus que des champs d’honneur
Derrière tes églises s’agenouillent tes fils fusillés
Une fosse commune s’ouvre sous les trèfles en f leurs
Croix de France
France en Croix
If de Patience
Lys de la Foi
Pain de peine
Vin mystique
Porte de sagesse
Arche d’alliance
Miroir des anges
Bûcher de Jeanne
Bûche de Noël
Ciel tricolore
Rose de Chartres
Roseau de Strasbourg
Tour d’amour
Amour d e France
France de mon coeur
Chant du soldat de France
Extrait « Chant du soldat de France » 1940 (Inédit)
Quand sur la ligne Maginaire
La lune jaune m’inondait
Je rêvais qu’on faisait la guerre
Mais la mort me fichait la paix
Ainsi font font font
Les petites baïonnettes
Font trois coups
Et puis s’en vont
Ils sont venus de Barbarie
Derrière Metz près de Châlons
Jusqu’à Paris toute marrie
Et j’ai marché à reculons
Ainsi font font font
Les petites mitraillettes
Font cent coups
Et puis s’en vont
Pourquoi n’ai-je cueilli la rose
Avec l’épine de Strasbourg ?
L’escalier de l’apothéose
M’a fait descendre de la Tour
Extrait
« Strophes sur la Grande Misère de France »
New York (1940) inédit
New York (1940) inédit
Quand sur la ligne Maginaire
Les rêveurs ivres de tambours
Cultivaient la rose trémière
Du Munster rose de Strasbourg
Derrière tes beaux rideaux d’orge
Où l’alouette aiguisait l’air
N’entendis-tu jamais les forges
De haine où travaillait Fafner ?
France: perverse paysanne
Séduite au coin du Bois Dormant
Le fils de tes amours rhénanes
Vient accomplir ton châtiment
Ils sont partis de Barbarie
Derrière Metz près de Châlons
Jusqu’à Paris toute marrie
Qui cavala vers Cavaillon
http://yvanclairegoll.canalblog.com
En 1921, il épouse Claire Aischmann-Studer, romancière, poétesse et journaliste allemande qui lègue à la Ville de Saint-Dié-des-Vosges en 1977 de nombreux manuscrits en français et divers objets constituant le fond Claire et Yvan Goll. Les manuscrits, livres et papiers personnels de l’écrivain sont conservés à la Médiathèque Victor Hugo, tandis que le musée Pierre Noël expose le mobilier, les œuvres d’art et affiches.
Outre les archives, la muséalisation de l’écrivain dont les œuvres sont traduites en seize langues, publiées sur trois continents, passe ici par la médiation de l’exposition qui offre aux visiteurs une « littérature exposée » (Olivia Rosenthal, Lionel Ruffel, « introduction », Littérature, n°160, 2010/4, p. 4.
https://www.cairn.info/revue-litterature-2010-4-page-3.htm) lors de trois grandes expositions :
Mary CUNY, Daniel GRANDIDIER, « Yvan Goll : un poète, sa femme, ses illustrateurs », Saint-Dié des Vosges, 1980, catalogue de l’exposition au Musée de Saint-Dié des Vosges 22 novembre – 14 décembre 1980.
« Yvan Goll : l’homme et l’écrivain dans son siècle », Musée de Saint-Dié des Vosges, 1991, catalogue de l’exposition réalisée par le Musée et la Médiathèque de Saint-Dié des Vosges.
« Yvan Goll : poète européen des cinq continents », Paris et Pont-à-Mousson, 1999, catalogue de l’exposition de St Dié des Vosges 2000, Berlin 2001.
Musée Pierre-Noël : Une collection remarquable
Grâce au legs de Claire Goll, le musée de la Ville de Saint-Dié-des-Vosges conserve le mobilier de leur appartement à Paris, leurs objets personnels, des photographies. A cela, il faut ajouter une très belle collection d’art comprenant des peintures (Gleizes, Hélion), des dessins (Chagall, Clavé, Dali, Robert Delaunay, Lam, Larionov, Léger, Masson, Schöffer, Takal, Tanguy, Villon, Zao Wou-ki), des gravures (Arp, Brauner, Fini, Friedländer, Miró, Picasso, Survage), ainsi que d’autres objets ayants trait aux arts du spectacle (affiches des pièces de l’auteur, une partition musicale, des maquettes de décors et de costumes, des marionnettes de Java…).
Une fondation et un prix littéraire
En 1991, sous l’égide de la fondation de France, une fondation Yvan et Claire Goll a été créée avec comme objectif la promotion des œuvres du couple, tout en développant les activités de médiation (colloques, conférences, expositions) et d’édition.
En partenariat avec L’Alliance francophone, le Ministère de la culture et de la francophonie, la Fondation Yvan et Claire Goll attribue depuis 1994 le Prix international de poésie francophone Yvan-Goll (4 000 euros) lors du Marché de la Poésie, Place Saint-Sulpice à Paris.
Pour plus d’informations :
Les Amis de la Fondation Yvan et Claire Goll.
Contact : Service de l’Action Culturelle – Hôtel de Ville – BP 275 – 88100 Saint-Dié-des-Vosges
Tél : 03.29.52.66.45.
shecht@ville-saintdie.fr
Promenade littéraire et historique en Lorraine (Toul)
Déambulations touloises
Créées et organisées par l’association Le Claveau (association culturelle de Toul ayant pour objectifs la mise en valeur, l’animation et la restauration de l’ancien Hôtel de Pimodan et l’ancien Hôpital du Saint-Esprit), les promenades littéraires et historiques de Toul existent depuis 2006. Elles ont lieu tous les ans pendant la période estivale, l’une se déroulant au mois de juillet et l’autre au mois d’août. Chaque année, un thème différent est traité : Emile Moselly, illustre auteur toulois, sorcellerie et diablerie à Toul, la Grande Guerre à Toul, évocation de la Renaissance à travers le vieux Toul, sur les traces des lieux de plaisir toulois ou encore les bourgeois de Toul aux XVIIème et XVIIIème siècles.
Thématiques littéraires
Une fois le thème de la promenade choisi, les quatre membres organisateurs de l’événement – André Rouyer, président de l’association Le Claveau et initiateur des promenades, Philippe Masson, historien, Josette Codron, ancienne professeur de Lettres et Jean-Pierre Ziegler, conteur des promenades – entament un long travail de recherches documentaires permettant de traiter le thème à partir de textes littéraires et d’archives toujours en lien avec la ville de Toul. Ville fortifiée riche par son histoire et son patrimoine, Toul se prête parfaitement à ce type d’activité culturelle mêlant références scientifiques et déambulation.
Patrimoine urbain accessible
D’une durée d’1h30 à 2h30, la promenade, gratuite et sans inscription, permet de découvrir la ville de Toul sous un angle nouveau et dans une configuration inédite, en dehors des sentiers battus par l’Office de Tourisme. Depuis le parvis de la cathédrale de Toul, de 50 à 80 personnes suivent chaque année un parcours riches d’explications historiques et ponctué d’extraits littéraires et d’anecdotes lus à voix haute dans les endroits de la ville choisis avec soin.