Gaston-Paul Effa
Né en 1965 au Cameroun.
Élevé par des religieuses à partir de son cinquième anniversaire, il part en France à l’âge de seize ans pour terminer ses études auprès des jésuites de Strasbourg. Au terme d’études universitaires en théologie et philosophie, il obtient un Capes de philosophie et commence à enseigner. Il est aujourd’hui professeur à Sarrebourg.
Il mène plusieurs vies à la fois. En plus d’être professeur, il est également restaurateur solidaire, écrivain, critique littéraire et président du prix Erckmann-Chatrian.
Très marqué par son enfance, ses œuvres seront souvent portées par des questionnements identitaires et des critiques virulentes à l’encontre des coutumes africaines.
En 1998, il obtient le Grand Prix littéraire de l’Afrique Noire pour Mâ.
Bibliographie sélective
Romans
La Saveur de l’ombre (1993)
Tout ce bleu (1996)
Mâ (1998)
Le cri que tu pousses ne réveillera personne (2000)
Cheval roi (2001)
Voici le dernier jour du monde (2005)
A la vitesse d’un baiser sur la peau (2006)
Nous enfants de la tradition (2008)
Je la voulais lointaine (2011)
Rendez-vous avec l’herbe qui blesse (2014)
Citation
« Au bout du cinquième jour, la lune s’était voilée et il fallait redoubler de vigilance dans ces ténèbres qui les hébergeraient. Ils n’entendaient plus que le murmure caressant de la rivière et le froissement des feuilles fouettées par le vent. La fraîcheur de la nuit s’aiguisait ; l’humidité se déposait déjà sur l’herbe pour former la rosée du matin. Le chemin devenait plus obscur à mesure qu’ils s’enfonçaient dans les ronces et les futaies. A présent, ils étaient fatigués par la marche et les victuailles s’épuisaient. L’ânesse avait faim et n’acceptait plus de chiquer les feuilles de chanvre qui jonchaient la rivière. Ils avaient beau avoir du souffle, ils étaient assommés par l’air de la nuit, trop fort pour qu’ils l’avalassent aisément. Brusquement, l’ânesse s’arrêta comme si un éboulement lui barrait la route. Elle venait de se faire mordre par une vipère en chasse sur le secteur. Etoga aperçut les yeux brillants de cet immense collier vivant qui frôlait les branches. Une vipère ne mort jamais une seule fois lorsqu’elle est affamée. Etoga s’empressa de se saisir d’un arbuste humide et, suivant l’éclat de ses yeux perçants, il assomma le reptile. Il fallait maintenant s’occuper de son ânesse qui s’était effondrée, grelottant de peur et déjà sous l’effet du venin qui attaquait son cœur fatigué. Etoga entreprit de lui confectionner un garrot avec la ficelle qui lui ceignait la taille, lui garantissant bonheur et fécondité. Mais l’animal se mourrait. L’homme, débordant de tendresse, décida de demeurer auprès de l’ânesse ; il l’embrassait en pleurant, la regardant gémir sous le choc de la morsure. »
Source : La Saveur de l’ombre, Paris, 1993.
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