Régine Detambel
Née le 7 octobre 1963 à Saint-Avold.
A la suite d’études en kinésithérapie, Régine Detambel décide de se consacrer à l’écriture. Elle publie son premier ouvrage en 1990. Par la suite, elle écrit des romans, des nouvelles, des essais ainsi que des livres pour la jeunesse et des pièces radiophoniques. Ses sujets de prédilection sont la maladie, la sexualité et la vieillesse.
Parallèlement à son activité littéraire, elle réalise des conférences et anime des ateliers d’écriture.
Bibliographie sélective
Romans
La Verrière (1996)
La Chambre d’écho (2001)
Noces de Chêne (2008)
La Splendeur (2014)
Le Chaste monde (2015)
Essais
Petit éloge de la peau (2007)
Le Syndrome de Driogène, éloge des vieillesses (2008)
Citation
« Les nuits d’allongent et le froid est arrivé. Cardano observe jour après jour la déchéance des arbres autour de sa fenêtre, se réveille dans un monde écarlate avec un soleil énorme. Ombres d’oiseaux en diagonale sur le mur. Blotti dans ses couvertures, il renifle une brise molle chargée d’eau et coupée de fumée. Il attend. De ces journées sanguinolentes d’octobre, il scrute, les nerfs tendus, félin très à l’affût, tout ce qui pourrait faire naître une page nouvelle. Mais rien. Ou pas grand-chose. On écrit des bêtises quand on a l’esprit curieux et de mauvais yeux.
Maintenant, au petit matin, le Tibre est noyé de brume. Il entend le nasillement des canards. Au lever du soleil, tout se glace. Les journées sont très froides. Cardano jette du bois dans l’âtre, de minces bûches fraîchement coupées, givrées et brillantes dans le froid matinal.
Les jours passent. Il n’a presque rien écrit. Ce n’est pas son passé qui lui échappe, son passé est là, bien lourd, solidement planté sur quatre mètres de rayonnages et puant déjà la vieille bouquinerie, c’est lui-même qui s’échappe, il s’enfonce lentement dans ce sable sec qu’on appelle l’aridité, auquel je l’avais si souvent arraché autrefois. Ce qu’il a griffonné est presque inintelligible. Il parle pour lui seul, dans son sillon. A croire qu’il ne cherche pas à gagner des lecteurs mais à préserver leur petit nombre.»
Source : La Splendeur, Paris, 2014.
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