Aurélie Filippetti

Née le 17 juin 1973 à Villerupt.

Après des études à l’école nationale supérieure pour y obtenir l’agrégation de lettres, Aurélie Filippetti débute sa carrière en tant que professeur de français puis entre en politique.

Elle est aujourd’hui députée de Moselle et porte-parole des socialistes à l’Assemblée Nationale. Elle était Ministre de la culture et de la Communication dans les gouvernements Ayrault et Valls de 2012 à 2014.

Aurélie Filippetti est également romancière. Elle sort un premier roman en 2003 dans lequel elle rend hommage à son grand-père, immigré italien venu travailler dans les mines de fer en Lorraine, qui fut résistant lors de la Seconde Guerre Mondiale et arrêté par la Gestapo avant d’être envoyé en camp de concentration.

Elle sort un second roman en 2006, cette fois porté par une histoire d’amour.

En 2016, elle devient la présidente du Festival de cinéma méditerranéen de Montpellier.

 

Bibliographie

Les Derniers jours de la classe ouvrière (2003)

Un Homme dans la poche (2006)

 

Citation

« Il n’en pouvait plus de cet hôpital, où il croupissait depuis deux mois. Il voulait sortir, il voulait rentrer chez lui, à Auden. Les médecins le gavaient d’antibiotiques pour combattre le virus qui s’était introduit lors de l’opération. A cœur ouvert, les bras en croix, allongé sur la table, il avait cru entrevoir une lumière verte tout au bout de la nuit. Sur le torse, la cicatrice nouvelle ne se refermait pas. Son dos était balafré de haut en bas, du côté droit, à l’endroit où on lui avait enlevé un poumon, huit années plus tôt. Il disait que c’était trop pour un seul homme. Entre-temps, le Mur était tombé. Tout le pire avait été révélé, avéré. C’était plus qu’un idéal, c’était une vie, c’étaient mille villes, bafouées, réduites à néant. Comment continuer à être communiste après ça, après tout ce gâchis, et comment décider subitement de ne plus l’être, quand vos tripes, tout crie que votre combat à vous, en France, dans le Pays-Haut, était juste. Longwy Lorraine Cœur d’acier. Où trouver la force de se battre encore, simplement pour soi, pour sauver sa peau. L’énergie était partie ailleurs, dans des discussions de cellule, dans les meetings et les réunions, les manifs, les campagnes électorales, faire changer le Partie de l’intérieur, faire changer la société. En 1984, devant Matignon, ils étaient tous couchés par terre, les mineurs et les sidérurgistes de Lorraine, lui dans son écharpe tricolore. C’était la dernière marche, celle du désespoir. Ils étaient tous venus crier une dernière fois que la Lorraine vivre. D’Hayange, Forbach, de Moyeuvre, Longwy, Lorraine Cœur d’acier. Les CRS étaient prêts à charger, alors ils se sont tous allongés, sur le trottoir. Ils ont attendu que quelqu’un les entende. Une voiture est arrivée, un ministre, bloqué par les manifestants. Il est descendu. Charles Fiterman. Les a reconnus : – qu’est-ce que tu fais là ? – Tu vois, on manifeste.

Les mines ont fermé les unes après les autres : Joeuf, Jarny, Tressange, Moyeuvre, Mairy-Mainville, Piennes… Audun-le-Tiche, exploitée par l’ARBED luxembourgeoise, fut la dernière mine de fer de Lorraine à poursuivre son activité. Une équipe de mineurs continue d’y descendre, pour un entretien minimal, avant que l’ordre de l’ordalie finale soit donné : inondez les galeries. »

Source : Les Derniers jours de la classe ouvrière, Paris, 2003.

© La Lorraine des écrivains

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