Philippe Claudel

Né le 2 février 1962 à Dombasle-sur-Meurthe.

Après avoir obtenu une agrégation de Lettres modernes, Philippe Claudel réalise une thèse et devient maître de conférences à l’institut Européen du cinéma et de l’Audiovisuel de l’Université de Lorraine où il intervient pour faire découvrir l’écriture scénaristique. En parallèle, il choisit d’enseigner le français à la maison d’arrêt de Nancy et auprès d’adolescents handicapés.

Philippe Claudel est également un auteur reconnu dont les œuvres sont publiées dans le monde entier. Il obtient de nombreuses récompenses parmi lesquelles l’on retrouve le prix Marcel Pagnol en 2000, le prix Renaudot en 2003 ou encore le prix Jean-Jacques Rousseau de l’autobiographie en 2013. Il rejoint l’académie Goncourt en 2012 et est fait Doctor Honoris Causa de l’Université catholique de Leuven en 2015.

Il poursuit aussi une carrière de cinéaste et a réalisé quatre films, tous félicités par la critique.

 

Bibliographie sélective

Romans

Meuse l’oubli (1999)

J’abandonne (2000)

Les Âmes grises (2003)

Le Rapport de Brodeck (2007)

Parfums (2012)

L’Arbre du pays Toraka (2016)

 

Citation

« Incongruité climatique : je connais des arbres couverts de neige au début du mois de juin. Épaisse et tout à la fois légère, cette neige, en grappes floconneuses, et que le vent du soir effleure comme on caresse un ventre aimé. Je dévale à bicyclette le chemin creux qui plonge derrière le cimetière de Dombasle, ma ville de naissance, ma ville d’enfance, ma ville d’aujourd’hui, vers le vieux stade de Sommerviller abandonné à nos jeux. Gamelles, balles au camp, gendarmes et voleurs. Je vais rejoindre mes copains : le Noche, les Waguette, Éric Chochnaki, Denis Paul, Jean-Marc Cesari, Francis Del Fabro, Didier Simonin, Didier Faux, Jean-Marie Arnould, le Petitjean, Marc Jonet. Les grands acacias masquent le ciel clair et se rejoignent en une voûte ouvragée. Feuilles aux formes de monnaie antique. Épines de couronnes pour suppliciés absents. Je pédale les yeux fermés et rejette la tête en arrière, me saoulant du parfum des pétales et d’une joie fébrile que chaque printemps apporte de nouveau. Les jours vont devenir immenses, comme notre vie. Nous attendrons le soir dans le chant neuf des oiseaux et celui des grenouilles. Il y aura une stupeur à se saisir du dernier froid de la terre et à s’en rafraîchir. Les brumes elles-mêmes partiront en voyage, loin, pour ne revenir qu’en octobre. Le ciel enfantera ses couchants roses, ouatés d’orange et de bleu pâle comme il en existe dans les tableaux de Claude Gellée, dit le Lorrain, qui est né à quelques lieues d’ici trois siècles plus tôt. »

Source : Parfums, Paris, 2012

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